Reflections on a changing Madagascar
DOI:
https://doi.org/10.4314/175Abstract
When I was asked to write the foreword for this important journal I was honored. Honored and troubled. What could a conservation ecologist say about development that was particularly relevant at such a critical time in Madagascar’s history? During such a distinct period of uncertainty and change, what reflection might I offer that would be helpful, hopeful, and reasonable? Over the weeks, I have witnessed the turmoil of a country searching for inner peace while dedicated individuals continue to work towards improving lives and safeguarding the future of this wonderfully unique island. And in struggling with what to say in the face of inevitable change, three concepts keep coming to mind. The first two concepts come from my ecology training; the last emerges from my experiences as a development professional. These concepts are neither new nor ground-breaking. They certainly won’t solve all the challenges of Madagascar conservation and development today. Yet together, these three concepts may offer some orientation for continued integrated conservation and development work in a changing Madagascar. The first concept is connectedness. Connections are the key to ecology. Species and ecological processes linked in one complex system. Natural elements connected to people and culture through a complex web of relationships, desires and values. At this critical juncture in Madagascar’s history, it seems imperative to both understand and exploit these connections. Healthy people cannot exist in an unhealthy environment. Political decisions are intimately connected to the well-being of people and the survival of their natural resource base. As choices are made, it is imperative that decisions not be taken in short-term haste to meet the pressing needs of today at the expense of the longer term needs of both today and tomorrow.A thoughtful process that embraces the connectedness of all Malagasy people to each other and their natural world is a difficult one. But by keeping these connections intact, by ensuring that each part of the system is understood and valued, a more rewarding, equitable and sustainable future can be secured. The second concept is resiliency. Resiliency relates to the ability to withstand and recover from shocks and perturbances while maintaining functionality and equilibrium. It is clear that Madagascar is experiencing shocks. More frequent and intense cyclones, changing climatic patterns, severe periods of drought and unprecedented pressure for natural resources tax the recovery abilities of humans and the natural world alike. Recent socio-political changes are undoubtedly testing the resiliency of Malagasy society. New pathways for development in Madagascar must offer resilient options for the Malagasy people.The sharing of development dividends amongst a larger number of citizens across Malagasy society will enhance the resiliency of Madagascar as a whole. Safeguarding natural assets, including soil, water, forests, fisheries and biological diversity, creates a social safety net that will allow Madagascar to cope in the short-term, and thrive in the long-term. The last concept is reconciliation. Of all the concepts, this is probably the most difficult one. In the financial world, we reconcile our accounts. Inputs and outputs, income and expenses are scrutinized to ensure that the ledger adds up at the end of the day. But such reconciliation demands an honest and clear accounting system where incomes are transparent and real costs are understood. In Madagascar, this means making development decisions that incorporate the real costs of leaving marginalized and vulnerable members of society behind, real costs of irrevocable and detrimental changes to the functioning of natural systems, real costs of losing species, and the real cost of not being able to adapt and cope with climatic changes. It means internalizing and making rationale decisions about these costs now, so that Malagasy children will be able to ensure that the ledger adds up at the end of the century. But there is another definition of reconciliation, the coming together of opposing parties to r esolve conflict and find peace. Undoubtedly, this is the hardest part. It involves open and participatory dialogue that teases out seemingly intractable issues to find balanced solutions that everyone can live with. Reconciliation cannot be forced – people must want to engage, must be willing to expose truths and be open to exploring other perspectives. With a commitment to compromise and dignity, reconciliation brings healing and harmony. It is incumbent upon us, the conservation and development community, to support the Malagasy people in efforts to come together and embrace the linkages between people and their natural world through a process of reconciliation and thoughtful weighing of trade-offs to ensure a resilient Madagascar. The lessons and articles we share through this journal offer important insights and lessons to move us in that direction.
Réflexions sur Madagascar, pays en évolution
Je me suis sentie en même temps honorée et troublée quand ce grand journal m’a fait honneur en m’invitant à écrire une préface. Quel sujet pertinent sur le développement pourrait donc écrire une éco-conservationniste à un moment si critique de l’histoire de Madagascar ? Que pourrais-je proposer comme réflexion qui soit à la fois utile, empreinte d’espoir et raisonnable pendant cette période marquée par l’incertitude et le changement ? Pendant des semaines, j’ai été le témoin de l’agitation d’un pays à la recherche de paix intérieure pendant que des gens dévoués poursuivaient leurs efforts afin d’améliorer les conditions de vie et préserver le futur de ce pays merveilleux et unique. Alors que ces pensées me taraudaient face à un changement inévitable, trois concepts me sont venus à l’esprit. Les deux premiers me viennent directement de ma formation en écologie alors que le dernier a été façonné par mon expérience professionnelle acquise dans le développement. Ces concepts ne sont ni nouveaux ni révolutionnaires et ils ne vont vraisemblablement pas constituer la solution à tous les problèmes du développement et de la conservation de Madagascar actuels. Cependant, ils pourront conjointement tracer une voie dans la poursuite des travaux de conservation et de développement intégré pour ce pays en pleine évolution qu’est Madagascar. Le premier concept porte sur la connexité. Les connexions sont les clefs de l’écologie avec les espèces et les processus écologiques qui sont liés dans un système complexe. Nous avons ici des éléments naturels reliés à des gens, à leur culture au sein d’un réseau complexe de rapports, de désirs et de valeurs. À ce moment délicat de l’histoire de Madagascar, ces connexions doivent être à la fois comprises et exploitées. Des gens sains ne peuvent vivre dans un environnement malsain. Les décisions politiques sont intimement liées au bien-être des gens et à la survie de leurs ressources naturelles de base. Lorsque des choix sont faits, il est impératif que les décisions ne soient pas prises dans la hâte du cours terme pour satisfaire des besoins immédiats au détriment des besoins à plus long terme actuels et futurs. Un processus réfléchi qui englobe l’ensemble des rapports connexes régissant tous les habitants de Madagascar entre eux mais aussi avec leur patrimoine naturel n’est pas aisé. Cependant c’est en maintenant ces liens, en assurant que chaque élément du système est compris et mis en valeur, qu’un avenir plus prometteur, plus équitable et plus durable peut être assuré. Le deuxième concept porte sur la résilience. La résilience se réfère à la capacité de résister et de se ressaisir des chocs et perturbations tout en maintenant fonctionnalité et équilibre. Il est clair que Madagascar est en train de subir des chocs. Des cyclones plus fréquents et plus intenses, des changements climatiques, de graves épisodes de sécheresse et une pression sans précédent sur les ressources naturelles mettent en péril les capacités de se recomposer, qu’il s’agisse des gens ou de la nature. Les changements socio-politiques récents mettent assurément à l’épreuve la résilience de la société malgache. Les nouvelles voies pour le développement de Madagascar doivent fournir des options résilientes pour les gens de Madagascar. Le partage des acquis du développement entre un plus grand nombre de citoyens de la société malgache améliorera la résilience de Madagascar dans l’ensemble. Sauvegarder le patrimoine naturel, y compris la terre, l’eau, les forêts, la pêche et la diversité biologique crée un filet de sécurité social qui permettra à Madagascar de composer à court terme et de prospérer à long terme. Le dernier concept, qui est sans doute le plus ardu des trois, est le rapprochement. Dans le monde financier, nous procédons à des états de rapprochement de nos comptes. Des entrées et des sorties, des revenus et des dépenses qui sont contrôlés pour s’assurer que les soldes dans les livres s’équilibrent en fin de journée. Mais un tel rapprochement requiert un livre comptable honnête et clair dans lequel les revenus sont transparents et les charges réelles sont comprises. À Madagascar, cela signifie de prendre des décisions en matière de développement en incorporant les coûts réels liés au fait que certaines personnes marginalisées ou vulnérables de la société soient écartées du processus, les coûts réels des changements irrévocables et préjudiciables apportés au fonctionnement des systèmes naturels, les coûts réels de la perte d’espèces naturelles et les coûts réels liés au fait de ne pas être capable de s’adapter et de faire face aux changements climatiques. Il s’agit d’absorber ces coûts et de prendre dès à présent des décisions raisonnables à leur propos de sorte que les enfants de Madagascar seront capables d’assurer que les soldes dans les livres s’équilibrent à la fin du siècle. Il existe aussi une autre définition du rapprochement, celle de la rencontre de parties en opposition pour résoudre un conflit et trouver la paix. Il s’agit sans nul doute de l’acte le plus difficile à jouer car il repose sur un dialogue ouvert et participatif jusqu’à la limite des situations inextricables afin d’aboutir à des consensus équilibrés où chacun peut se retrouver. Le rapprochement ne peut être forcé – les gens doivent vouloir s’engager, doivent être disposés à exposer des vérités et s’ouvrir pour rechercher des alternatives. Avec la dignité et la volonté réelle de dialoguer, le rapprochement peut panser les plaies et apporter l’harmonie. Il nous incombe, à nous membres de la communauté de la conservation et du développement, de soutenir les Malgaches dans leurs efforts pour se rassembler et renforcer les liens entre les gens et la nature dans un processus de rapprochement avec des compromis soigneusement réfléchis pour assurer la résilience de Madagascar. Les leçons et les articles que nous partageons dans ce journal constituent ainsi des aperçus importants pour nous mener sur cette voie.
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